Un rôle difficile à tenir
S'il est un sujet qui remonte à la nuit des temps, tout comme la thématique de l'amour, c'est celui du rapport à la mère et du rôle que celles-ci tiennent quotidiennement. Mettre en enfant au monde est pour beaucoup de femmes un acte de transmission et de perpétuation de l'espèce profondément ancré. Naturellement présent ou demandant davantage de temps pour s'exprimer, la nature trouve généralement toujours son chemin, celui de la vie. Mais donner la vie n'implique pas seulement d'avoir cette capacité de participer au développement de l'humanité. Même si la construction féminine confère de grandes espérances, de grands espoirs et d'une certaine manière de grands pouvoirs, de grands pouvoirs impliquent également de grandes responsabilités. C'est sur ce point qu'il est parfois difficile de pouvoir envisager ou anticiper ce qu'une femme deviendra, ce qu'elle subira comme modifications effectives. Lorsque l'entité « femme » entamera sa mutation vers l'entité « mère », c'est un tout nouveau monde qui s'ouvrira devant elle, oscillant entre un doux voyage remplit de découvertes plus extraordinaires les unes que les autres et un véritable fardeau inextricable la plongeant irrémédiablement vers un désengagement manifeste.
Cette dévotion ultime, héritée de l'enfantement, est au-delà d'un simple pari à tenir ou d'un exercice à accomplir. L'implication est telle et les enjeux projectifs si imposants, qu'il est parfois compliqué pour une mère de savoir dans quelle direction elle devra diriger le regard qu'elle porte sur son enfant. Au jeu du bon flic / mauvais flic, trouver le curseur idéal afin de générer une satisfaction pleine et entière relève d'une mission impossible. Ma comparaison initiale sur la thématique ancestrale qu'est celle de l'amour et de la relation amoureuse n'est ici pas une simple coïncidence. La relation d'amour qu'entretient une mère avec son enfant est en de nombreux points comparable à celle que deux partenaires mettent en jeu au sein d'une relation de couple. Mêlant responsabilités envers l'autre et désir de le voir évoluer avec vous, l'enfant subira malgré lui les écueils d'une relation amoureuse qu'il n'a, par contre, pas choisit. Apprendre à le laisser grandir seul et le laisser être ce qu'il est, tout en réussissant à lui transmettre des éléments constitutifs lui permettant de survivre au milieu d'un monde qu'il tentera chaque jour de mieux appréhender. Véritable guide et chaperon de l'évolution, la mère aura ces rôles quasi schizophréniques à tenir : être celle qui sera présente pour son enfant à chaque instant, tout en conservant le recul suffisant à l'épanouissement intra et interpersonnel de celui-ci, jusqu'à le laisser partir.
De nouvelles responsabilités
Comme nous venons de le voir, ce rôle est donc déjà difficile à tenir dans cet équilibre funambulesque teinté de remous imprévisibles mais nécessaires. Mais les différentes évolutions de l'humanité ne sauraient avoir été trop indulgentes envers ses mères prises dans la tourmente de l'éducation de leur enfant si elles n'avaient pas été de surcroît secouées par de nouvelles responsabilités. Injonctions de la vie moderne et de la sacro-sainte interminable quête de l'équilibre homme-femme, cette dernière s'est donc vue dans l'obligation de répondre à de nouvelles missions pour se sentir exister. À tort ou à raison, c'est en tout cas ce que la machine marketing moderne avait bien l'intention de lui enseigner, pour ne pas dire contraindre d'accepter.
La working-girl fit donc son apparition au milieu de prérogatives intrinsèquement et logiquement héritées de sa physiologie féminine. La femme sociale, empathique, nourricière et réconfortante devra désormais changer de tenue pour s'élever (pour son bien) carriériste, indépendante, battante et autocentrée. On ne la considérera désormais plus comme un être humain mais bien comme un être financièrement solvable. Dans ces nouveaux objectifs plaqués sur la femme dite moderne et active, la rôle de la mère a naturellement également subit de profonds changements, annonciateurs de nouvelles difficultés vis-à-vis du regard qu'elle porte sur la maternité et sur sa parentalité. Comment donc réussir à répondre aux nouveaux codes de la société ? Comment devenir ce rouage ultra-productif et épanouit d'une réalité inatteignable lorsqu'un enfant vient enrayer la mécanisme bien huilé de ce qu'on vous avait pourtant promit ? Oui, il y a de quoi perdre les pédales. Il est tout d'abord primordial de sincèrement et honnêtement réfléchir à un épanouissement que vous aurez réellement choisit et non à celui que la société vous aura imposé. Toutes les femmes ne sont pas systématiquement faites pour devenir mères et toutes les femmes ne sont pas non plus destinées à être carriéristes ou à occuper un poste qui rapportera suffisamment d'argent pour venir valider leur rentabilité et leur existence dans la société. En tant que femme, sachez vous écouter et soyez alignée avec ce qui résonne en vous. Le centre des émotions est situé dans votre ventre et le centre des réflexions est situé dans votre cerveau. Apprenez à écouter ce que votre ventre vous dit et méfiez-vous toujours de l'interprétation que votre cerveau décidera d'en faire.
Avec plus de 20 ans d'expérience en communication, psychologie et psychothérapies, je vous accompagne dans la résolution de vos problématiques à Nantes mais aussi à distance en France et à l'international, en visioconférence. N'hésitez pas à me contacter ou à me laisser un message sur mon téléphone ou par mail, je vous répondrai dans les meilleurs délais. (Pour votre information, le tarif pour une séance d'une heure est de 60€) |
|
|
Florian MARTIN
06.87.57.39.22
(du lundi au vendredi de 8h à 20h, le samedi de 8h à 13h)
contact@florianmartin-psychopraticien.fr |
|
|
L'obligation d'être mère
Se pose logiquement cette question de l'obligation d'être mère. Pourquoi une femme ferait-elle donc ce choix systématique de devoir l'être et surtout pourquoi devrait-elle avoir à s'en justifier ? Cette question est en effet plus que légitime lorsque l'on s'aperçoit chez de nombreuses mères la grande difficulté à accomplir ce rôle évidemment complexe dont je vous ai parlé précédemment. Faire un enfant est une chose, mais s'en occuper profondément, avec sincérité et implication nécessite un alignement avec son système de pensées, son désir de transmission et du rôle qu'une femme souhaite jouer au sein de son parcours de vie. Il n'est pas chose innée de vouloir être mère, comme il n'est pas chose innée de vouloir ne pas l'être.
Même si l'évidence paraît pourtant être sans ambiguïté aucune, la question est d'autant plus importante qu'elle ne met pas seulement en jeu la vie d'une femme et la vie d'un homme, mais aussi celle d'un être qui va devoir conjuguer sa vie avec celle de ses géniteurs. Si beau et si profond qu'est l'acte d'amour et le moment de la naissance, un enfant nécessitera une quantité d'attention essentielle à son bon épanouissement, avec ses questions, ses peurs, ses doutes, ses réussites mais aussi ses échecs. C'est aussi en ce sens que le désir d'enfant doit être pris dans une globalité de capacité de gestion émotionnelle. Car avec toute la volonté du monde et tous les espoirs que vous pourrez porter, votre enfant sera unique, incomparable, et que vous le vouliez ou non, différent de vous.
Les mères de l'après-guerre
Souvent mis de côté, à tort, un événement important est venu profondément modifier la vision de toute une génération de mères sur leur rôle, leur place et la symbolique de leurs progénitures : celui de la seconde guerre mondiale. Les grandes difficultés de la seconde guerre mondiale ont généré de grandes souffrances et de nouvelles façons de vivre, sous une pluie de contraintes venues bouleverser la structure familiale. Il faut garder à l'esprit qu'en ces temps de guerre, des millions de femmes se sont retrouvées seules au milieu de leur foyer. Avancer coûte que coûte et mettre de la soupe dans les assiettes, pleurer l'absence d'un mari, d'un compagnon, pendant des semaines, des mois, des années et pour certaines, pour toujours.
Dans cette configuration extraordinaire, certaines mères avaient parfois non pas connu une seule mais deux guerres mondiales. L'enfant était peut-être vu comme une bénédiction, mais il était également le signe d'un véritable défi, devoir de réussite, tant sur un plan éducatif que sur un plan évolutif. Au milieu des difficultés de tous les jours, de trouver de l'argent pour survivre, de travailler et devoir gérer le quotidien du foyer, des millions de femmes se sont investies corps et âmes afin de répondre aux exigences de foyers interminablement vides. Ses mères modernes sont donc les filles de ses mères qui se sont tant données pour leur famille et leur foyer. Il faut donc comprendre que dans la réalité du foyer, beaucoup de mères durant la guerre mais aussi au retour de leur partenaire, ont continué de tenir leur foyer de manière quasi militaire, stigmate d'une longue période de contraintes et de responsabilités décuplées. L'enfant n'était pas seulement vu comme celui à qui elles auraient pu donner le temps nécessaire à les accompagner sur le chemin de la vie, il était davantage envisagé comme un véritable investissement. Au milieu d'une situation guerrière relevant souvent de l'absurde, l'enfant se devait de fonctionner. C'est donc logiquement que l'enfant se voyait être comme un investissement qui devait rapporter. Apporter de l'aide, de la présence, du travail, de la discipline, de la rigueur, de l'écoute et de la pugnacité. C'est dans ce contexte que peu de place était donc laissé à la part émotionnelle de ces enfants éduqués dans la guerre et l'après-guerre. Le baby boom avait créé une nouvelle génération d'hommes et de femmes, mais pour beaucoup d'entre-elles et d'entre-eux il avait aussi et surtout créé une nouvelle génération d'investissements.
Creuser dans le passé
Aussi, pour mieux comprendre le présent, il est souvent nécessaire d'aller à la rencontre du passé pour comprendre ce qui a pu engendrer certaines difficultés familiales. Nombre de mères ayant connu la seconde guerre mondiale se sont donc fortement employées à s'oublier pour tout investir dans la pérennité de leur foyer. À la manière d'un choc post-traumatique et pourtant bien terminée, la difficile époque de la guerre continua de couler dans les veines de ses mères laissées pour compte pendant ces longues années. Perdurant dans le modèle éducatif ainsi imprégné de la vie quotidienne passée, c'est de la même manière que s'imposa une logique matriarcale dans la génération de mères élevées dans ce contexte post-apocalyptique. Être fort, partout, à tout moment et n'avoir comme seul objectif que de pouvoir se féliciter de répondre à une logique guerrière, d'avancée collective et d'abandon de soi. Sous les principes d'une loyauté familiale respectée, de schémas reproduits à la lettre et de nouvelles responsabilités héritées d'une société modernisée, le statut de la mère s'est progressivement transformé en une mixture difficilement identifiable, à la croisée de son épanouissement personnel et de l'automatisation de son rôle maternel.
C'est dans ce contexte lourd de sens et chargé d'injonctions multifactorielles, que les filles de femmes ayant connu ces périodes de troubles mondiaux, ont malgré elles été emportées dans la complexe identification de leur chemin de vie. Les conséquences de cette course à la perfection, à la droiture et à la rigueur sous toutes ses formes, ont elles aussi été de générer vis-à-vis de leurs enfants une transmission identitaire écartant davantage encore la part émotionnelle. Enfin, de nos jours, nombre de phénomènes catalysant le flou ou la destruction identitaire sont venus encore davantage renforcer cette perte de repères, écrasant toujours plus le rôle d'accompagnement et de transmission de valeurs familiales à bout de souffle. On comprend alors pourquoi les générations baignées dans l'ère du numérique, ne sont désormais plus qu'alimentées par des fleuves de tendances toujours plus perturbantes et culpabilisantes, plutôt que d'être guidées par des rivières d'amour et de considérations filiales.
Stopper le combat, être honnête avec soi-même
État de fait ou convergences diverses, les rapports à la mère sont pourtant ce qui devrait à priori couler de source ou tout du moins être en capacité d'émouvoir plutôt que de susciter la consternation. La question qui vient alors serait alors celle de savoir quoi faire et surtout comment agir ou réagir face à un manque d'empathie, à un refus de communication ou à un égocentrisme grandiloquent ? Est-il raison de se battre contre des moulins à vent ou de laisser la vie suivre son cours et d'accepter la réalité d'un système vicié par des paramètres qui ne dépendent tout simplement pas de vous ? Qu'il soit dans le sens mère à l'enfant ou dans celui de l'enfant à la mère, lorsque des rapports complexes ou conflictuels vous démontrent la différence manifeste de langage, d'interprétation et de points de vue, comment être alors en capacité de pouvoir renverser la vapeur et de rétablir une communication saine ? La réponse vous paraîtra sans doute singulière, mais elle ne tiendra qu'en un seul mot : honnêteté. Haut lieu de la vérité émotionnelle, l'essentiel est en effet de rester honnête avec soi-même et de faire en sorte d'être totalement honnête avec les vécus des uns et des autres. Vous serez sans doute dans l'incapacité d'obtenir un amour plus profond et une communication plus fluide entre votre mère et vous, ou entre vous et votre enfant. Mais dans tous les cas, que vous soyez dans le rôle de l'enfant ou de celui de la mère, aucune loi ou aucune règle n'impose à qui que ce soit d'aimer l'autre. L'essentiel est avant tout de réussir à préserver ce qui convient à chacun des membres de la structure familiale, d'y apporter et d'y recevoir ce que chacun est en capacité de déployer et une fois n'est pas coutume, d'être en harmonie et parfaitement honnête avec les réalités qui vous traversent.
|