L'inexacte imposture
Pour les personnes n'étant pas familières avec ce syndrome, il peut paraître étonnant de mentionner une certaine imposture lorsque l'on parle des hauts potentiels intellectuels. Il est aussi un piège dans lequel il faut éviter de tomber en comprenant cet intitulé de la manière opposée vers laquelle elle est pourtant orientée. Le syndrome de l'imposteur est par définition la fréquente sensation d'imposture que peut ressentir une personne vis-à-vis d'un sujet qu'elle maîtrise pourtant parfaitement. Pour une personne dite à haut potentiel intellectuel, c'est une symptomatique que l'on retrouve très régulièrement. Les explications de l'importante fréquence de cette problématique rencontrée chez les HPI sont multiples. Lorsque l'on connaît le fonctionnement d'un sujet à haut potentiel intellectuel, il est en réalité totalement logique que ce syndrome se déclare si fréquemment dans cette catégorie de population. Alors que l'on pourrait imaginer qu'un haut potentiel a par définition plus de facilités à connecter les éléments entre eux, à donc comprendre plus vite et à maîtriser davantage certaines complexités et certains sujets, c'est malgré tout la sensation tout à fait inverse qui va se produire dans ses ressentis.
L'impossible mensonge
Pour un haut potentiel intellectuel, zèbre, hypersensible ou surdoué, s'il est une caractéristique qui revient de manière systématique, c'est celle d'être dans l'incapacité totale de mentir. Sa logique est tellement implacable et son désir de vérité tellement présent, qu'il sera pour lui inenvisageable de mentir sur quoi que ce soit. S'il décide de le faire, c'est que ce mensonge ne sera que très minime et n'aura pour objectif que d'éviter de déclencher des réactions en chaîne délétères, des pertes de temps inutiles ou de la souffrance suffisamment évidente.
C'est ainsi que cette impossibilité de mentir est en étroite connexion avec le syndrome de l'imposteur. Nous prendrons ici l'exemple de la sphère professionnelle comme fil conducteur, de façon à simplifier la compréhension du phénomène. Dans le cadre de l'exercice d'une profession, la notion de connaissance de son domaine n'est pas simplement essentielle, elle est primordiale. Pour un HPI, la tâche devient donc logiquement plus compliquée que pour la très grande majorité des collègues qui vont croiser son parcours professionnel. Un collègue lambda saura aisément dire qu'il est compétent dans son domaine d'activité, qu'il maîtrise ses champs de compétences et que tout bonnement : il sait ce qu'il dit. Vous aurez beau expliquer à cette personne qu'elle a tort et ce de manière factuelle, elle ne se remettra pas si facilement en question et son égo viendra prendre une place importante dans l'affirmation de ce qu'elle est et de ce qu'elle avance. Même sachant qu'elle se ment à elle-même et ce pour garder la face, elle aura une grande difficulté à se confondre en excuse et reconnaître qu'elle a tort. Pour conserver l'acceptation par le groupe ou par simple égocentrisme, la majorité des personnes auront davantage tendance à faire front, sans que ceci n'impacte en rien l'image qu'elles ont d'elles-mêmes.
Pour un haut potentiel intellectuel, l'histoire est toute autre et beaucoup plus dévastatrice. À première vue, une personne surdouée sera capable d'affirmer ses connaissances au milieu d'une réunion, peut-être même en donnant la sensation qu'elle le fait de manière hautaine. Mais si cette personne n'a pas encore franchi le cap de connaître les spécificités de sa différence de fonctionnement, un simple événement pourra venir bouleverser une situation apparaissant pourtant comme maîtrisée. Si une personne présente à cette réunion a le malheur d'évoquer ne serait-ce qu'un infime paramètre que le haut potentiel intellectuel aurait oublié d'inclure dans son analyse, celui-ci se verra immédiatement sombrer sous les tréfonds d'une colossale vague de culpabilité. Même si 99% de son analyse se révélait être exacte et suffisante pour la question abordée, ce simple petit chamboulement viendra totalement remettre en question la valeur de ses compétences, jusqu'à le pousser à revoir entièrement la logique de ses arguments et la vérification de tout ce qu'il venait d'énoncer précédemment. Le mensonge étant parfaitement impossible à accepter, il aura immédiatement la sensation d'avoir menti de bout en bout à l'ensemble de son auditoire, le mettant en situation de déséquilibre pour quelques heures et dans le pire des cas quelques jours. Pour une situation qui avait pu paraître absolument anodine et sans conséquences pour l'ensemble des personnes présentes à cette réunion, celle-ci pourra se transformer en un véritable traumatisme dès que le haut potentiel intellectuel repensera à cet événement. Il aura la sensation d'avoir menti sur ses compétences, sur ses connaissances et aura cette très désagréable sensation d'être passé, à tort, pour un imposteur.
Avec plus de 20 ans d'expérience en communication, psychologie et psychothérapies, je vous accompagne dans la résolution de vos problématiques à Nantes mais aussi à distance en France et à l'international, en visioconférence. N'hésitez pas à me contacter ou à me laisser un message sur mon téléphone ou par mail, je vous répondrai dans les meilleurs délais. (Pour votre information, le tarif pour une séance d'une heure est de 60€) |
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Florian MARTIN
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Le besoin de justice
Maintenant que vous avez saisi comment fonctionne un haut potentiel intellectuel qui ne se connaît pas face à une situation de gestion des connaissances, vous comprendrez aisément la suite de mon propos. Si l'impossibilité de mentir est une caractéristique forte des surdoué(e)s, le besoin de justice et l'incapacité à supporter des situations d'injustice font également partie des caractéristiques du syndrome de l'imposteur. Ne supportant pas l'injustice, si une personne dite à haut potentiel intellectuel était par exemple financièrement récompensée pour un très bon travail qu'elle avait accompli, elle se poserait immédiatement la question de savoir si sa récompense était pleinement justifiée. Ainsi, si l'évidence même de cette récompense sautait aux yeux de l'ensemble des employés d'une entreprise, un(e) surdoué(e) se posera toujours la question si cette récompense est effectivement méritée et si d'autres personnes n'auraient pas pu davantage en être les bénéficiaires. Le syndrome de l'imposteur est ici aussi le contraignant et fidèle compagnon du haut potentiel intellectuel.
Prendre en compte tous les paramètres
En voyant les évolutions de son métier, le haut potentiel intellectuel, zèbre, hypersensible ou surdoué, se rendra compte que fondamentalement il y aura toujours de nouvelles informations à ingérer. Innovations, nouvelles normes, nouvelles obligations ou nouvelles technologies mises à disposition, chaque métier comporte son lot d'évolutions. Pour une personne HPI, être constamment dans le mouvement est une situation qui va venir nourrir la grande créativité qu'elle a besoin d'exprimer, mais c'est aussi un terrain d'une grande instabilité qui va venir bousculer l'évaluation qu'elle a de ses propres connaissances. C'est ainsi qu'au bout de 10, 15 ou 20 ans d'expérience dans un domaine qu'elle maîtrise pourtant parfaitement, rien n'y changera. Si de nouvelles informations viennent à surgir dans le domaine qu'elle connaît, aussi infimes et peu impactantes qu'elles soient, elles seront considérées comme extrêmement significatives aux yeux d'un(e) surdoué(e). Au-delà de la soif de connaissance et l'envie de tout comprendre, des innovations verront comme conséquences soit le déni de celles-ci en se disant que de toute façon il ou elle ne sera pas à la hauteur pour l'intégrer, soit qu'il faudra absolument connaître ces innovations par peur de passer pour un imposteur. Même dans le cas où aucune de ces deux situations n'étaient au programme, le haut potentiel intellectuel se posera tout de même la question de savoir s'il n'apprend pas ces nouveautés pour cacher son (inexacte) incompétence grandissante.
Difficile à identifier
Comme nous avons pu le voir, c'est surtout au plus profond du haut potentiel intellectuel que se joue cette bataille de l'imposture, au milieu de ce ras de marée de neurones en quête de vérité(s). C'est en ce sens qu'il est donc extrêmement difficile de pouvoir imaginer ne serait-ce qu'une seconde ce qui se passe au niveau émotionnel pour un haut potentiel lorsqu'on le confronte à un champ de connaissance. Il est même tout à fait ordinaire qu'un HPI puisse donner l'impression qu'il est hautin ou méprisant et qu'il est parfaitement imperturbable. Or, la réalité est toute autre. Se donner à fond, s'imposer un contrôle qualité continu et se mettre une pression extraordinaire font partie de son quotidien. Vous aurez beau lui expliquer que tout va bien et qu'il maîtrise parfaitement son sujet, il lui faudra une très longue période de validation de ses acquis afin que celui-ci se rende humblement compte qu'il est performant. C'est d'ailleurs aussi la raison pour laquelle les personnes à haut potentiel intellectuel ont très souvent des profils anxieux, voire des troubles anxieux généralisés par manque de considération, de reconnaissance ou de validation de la part de collègues, supérieurs hiérarchiques ou sommités en la matière.
Avoir conscience de ses compétences
Ce sera donc un défi de tous les jours et une attention toute particulière qu'un haut potentiel intellectuel aura à porter sur sa capacité à correctement et justement évaluer ses compétences. Sans chercher à atteindre l'excellence et le zéro défaut, il devra être en capacité de se dire que ce qu'il produit et ce qu'il transmet comme expertise est à un niveau bien suffisant dans l'exercice de sa fonction, que ce soit vis-à-vis de l'attente de ses collègues ou de ses supérieurs hiérarchiques. Intrinsèque du syndrome de l'imposteur, le haut potentiel intellectuel se verra victime de la symptomatique associée dans des domaines de compétences qu'il maîtrise avec brio. Il devra donc être en capacité de s'auto-évaluer pour éviter de tomber dans le piège de l'auto-sabotage. Aussi, le syndrome de l'imposteur se manifestant de multiples manières, il est tout à fait envisageable que le phénomène se produise également dans d'autres sphères que celle du milieu professionnel. Cherchant toujours à savoir s'il est à la bonne place et qu'il mérite la position qu'on lui a attribué, il se posera souvent la question de savoir s'il est au bon niveau pour faire partie d'un groupe d'amis, d'un groupe de collègues et même jusque dans sa propre famille.
Enfin, même si le syndrome de l'imposteur est une caractéristique très présente chez les hauts potentiels intellectuels, zèbres ou surdoués, j'aime encore ici le dire et le répéter, c'est une problématique qui n'est en rien une fatalité. La plasticité cérébrale et la connaissance de soi sont des atouts formidables qui permettent de mieux comprendre et mieux ajuster comment chacun de nous se regarde et s'apprivoise. Si vous êtes haut potentiel intellectuel, sachez reconnaître vos victoires lorsqu'elles sont effectives et sachez vous accorder de vous féliciter quand autour de vous tout indique que vous êtes à la bonne place, que vous êtes légitime dans votre activité et que vous pouvez raisonnablement vous permettre d'être satisfait de ce que vous avez accompli.
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